Alors que d’importants investissements se profilent, l’année 2024 pourrait marquer un tournant pour l’hydrogène « vert » en France. Cependant, les associations Négawatt et Solagro mettent en garde sur l’importance de son utilisation dans la décarbonation de l’industrie. Actuellement en discussion au Parlement, le projet de loi de finances pour 2024 prévoit une nouvelle enveloppe dédiée au développement de l’hydrogène vert, d’origine renouvelable. Dotée d’environ 700 millions d’euros, cette initiative se traduirait par un mécanisme de soutien avec un prix garanti sur dix ans, attribué par appel d’offres. À terme, l’État pourrait investir jusqu’à 4 milliards d’euros dans ce domaine.
En dépit de ces promesses et en attendant la mise à jour de la stratégie nationale, Négawatt et Solagro se sont penchées sur le rôle crucial de l’hydrogène dans l’économie française d’ici 2050, notamment en tant que matière première pour la décarbonation de l’industrie.
Verdir l’hydrogène pour une industrie plus propre
Selon une étude de février 2023 pour l’Agence de la transition écologique (Ademe), la France consomme actuellement 922 000 tonnes d’hydrogène par an, principalement produit comme sous-produit de procédés industriels tels que le vaporéformage de gaz naturel ou le raffinage du pétrole. Cependant, ces processus émettent environ 10 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone chaque année, principalement absorbées par le secteur industriel lui-même.
Trois secteurs industriels utilisent le reste de l’hydrogène : la production d’ammoniac pour les engrais, la production d’oléfines pour les plastiques et la production d’acier. Pour Simon Métivier de Solagro, « l’hydrogène est principalement une matière première industrielle, et sa décarbonation devrait être priorisée dans ce domaine. »
Défis et opportunités
Pour répondre à ces défis, les experts préconisent une transition vers l’électrolyse de l’eau alimentée à 100 % par des énergies renouvelables. Cela implique des changements majeurs dans l’industrie de l’acier, comme l’utilisation accrue d’acier recyclé et la transition vers la réduction directe du minerai de fer à l’hydrogène renouvelable.
De même, des efforts sont nécessaires dans la production d’oléfines pour réduire la demande et adopter des processus de production plus durables. Quant à la production d’ammoniac, une transition agricole est indispensable pour réduire la demande d’engrais azotés.
Un avenir ambitieux
Les politiques européenne et française semblent alignées sur l’objectif de produire 10 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2040. En France, la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devrait fixer des objectifs clairs. Cependant, Négawatt et Solagro soulignent que des incitations économiques sont nécessaires pour encourager les industries à adopter l’hydrogène vert. Ils appellent également à des politiques plus concrètes pour concrétiser ces ambitions et assurer une transition énergétique réussie.