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11 décembre 2025En 2021, John Crowley pose sa démission des Nations Unies après vingt ans à négocier avec des gouvernements du monde entier. Son prochain défi ? Prouver que la transition énergétique ne se fera pas sans repenser radicalement nos systèmes de production.
Dans le bureau de John Crowley, pas de médailles diplomatiques ni de photos avec des chefs d’État. Plutôt des schémas de turbines éoliennes et des tableaux de flux énergétiques. « Il était temps que je fasse autre chose », dit-il. Après deux décennies au service des Nations Unies comme spécialiste des sciences sociales et de la collaboration scientifique, cet ancien cadre supérieur a troqué les sommets internationaux contre un chantier autrement plus concret : transformer les systèmes électriques français.
De la diplomatie à l’action : quand les sciences humaines éclairent la tech

Le parcours de John Crowley détonne dans le petit monde de l’énergie. Philosophie, sociologie, histoire, anthropologie : des disciplines qui semblent aux antipodes des kilowatts et des mégawatts. Pourtant, pour lui, c’est précisément cette approche qui manque à la transition énergétique. « Contrairement à ce qu’on croit parfois, les sciences sociales sont extrêmement pertinentes pour penser la décarbonation, la gestion des nouvelles technologies et la transition juste », martèle-t-il.
Son premier contact avec l’énergie remonte à plus de trois décennies, au sein d’un important groupe pétrolier. De cette expérience, il a gardé une conviction : « L’énergie, c’est le lien qui unit les sociétés. » Elle illumine, réchauffe, véhicule, tout en exposant les fissures de notre monde : inégalités d’accès, dépendances, conflits géopolitiques. C’est sur ce constat qu’il fonde en 2021 le Groupe PHGD, avec une ambition claire : produire mieux en consommant moins.
10% de l’électricité française perdue entre la centrale et la prise
Les chiffres sont têtus. En 2024, la France a produit 536,5 TWh d’électricité, un record depuis cinq ans. Pourtant, entre le moment où l’électron quitte une centrale et celui où il alimente nos appareils, environ 10% de cette énergie se volatilise. Sur le réseau de transport géré par RTE, les pertes représentent entre 2% et 3% de l’électricité acheminée. Sur les réseaux de distribution d’Enedis, ces pertes atteignent près de 6%.
« Entre 30 et 50% de l’électricité produite se perd avant de bénéficier au consommateur final », résume John Crowley. Des pertes structurelles, liées à la centralisation des infrastructures et à l’effet Joule qui chauffe les câbles sur de longues distances. Des pertes que les nouvelles technologies rendent aujourd’hui évitables.
C’est là que PHGD intervient. Le Groupe conçoit des systèmes de production d’électricité décentralisés, allant du kilowatt pour un domicile jusqu’à plusieurs mégawatts pour un établissement industriel. L’idée ? Produire l’énergie là où on la consomme, en évitant les déperditions.
Flexeole : réinventer le petit éolien français

Le projet phare de PHGD s’appelle Flexeole. Une technologie d’éoliennes de petite taille, dans la gamme 50-150 kW, pensée pour la production sur site. Un créneau délaissé en France, où le marché du petit éolien n’a jamais vraiment décollé, victime de coûts prohibitifs et d’un manque d’innovation.
L’éolien français, lui, se porte plutôt bien : 31 447 emplois, 1er employeur des énergies renouvelables électriques, et 46,9 TWh produits en 2024. Mais tout se concentre sur les grandes installations. « À terre, l’implantation d’éoliennes de grande taille se heurte à des difficultés croissantes. Le public a des objections, les recours allongent les projets », constate John Crowley.
La gamme 50-150 kW correspond pourtant à des besoins significatifs : exploitations agricoles, petits sites industriels, implantations tertiaires. L’offre, elle, reste très limitée. Flexeole propose une conception innovante avec des pales plus courtes et plus nombreuses, basée sur un brevet imaginé par le cofondateur Jean-Luc Thivolle. Cette configuration permet une efficacité accrue dans la récupération de l’énergie cinétique du vent, encore améliorée par un pilotage en continu qui gère les changements de direction.
Le Groupe dispose déjà de tous les permis pour un site dans le sud de la France. Ce qui manque désormais ? Le financement pour passer à l’échelle.
TrustInside et Catharsis : la transformation ne se décrète pas

PHGD ne se contente pas de vendre des technologies. Le Groupe s’appuie sur un réseau de partenaires pour accompagner la transformation des organisations. Car John Crowley en est convaincu : « Les systèmes changent quand on passe de “j’y crois donc je le fais” à “ça marche donc je le fais”. »
TrustInside, entreprise créée par Pierre Winicki, développe des « outils de la confiance » pour repérer les obstacles humains et culturels au sein des structures organisationnelles. Son outil phare, l’« Arbre de Confiance », permet de visualiser la vitalité des relations au sein d’une structure et de cibler les zones de fragilité. « Souvent, les freins au changement sont liés à la culture interne plutôt qu’à la technique », explique John Crowley.
Parallèlement, l’association Catharsis prolonge cette démarche dans un cadre plus citoyen et participatif. Inspirée des travaux du philosophe Michel Serres, elle défend le concept de « santé commune » : un lien étroit entre la santé des individus, celle des liens sociaux et celle des écosystèmes. Dans la Drôme, PHGD a ainsi accompagné un territoire semi-rural dans l’évaluation de son capital naturel, reliant la qualité des sols et de l’air au bien-être collectif.
Quand l’efficacité remplace la contrainte

« Au sein de PHGD, nous ne visons pas à promouvoir la sobriété, encore moins le sacrifice, mais plutôt à améliorer rapidement l’efficacité des systèmes », précise John Crowley. Une posture qui tranche avec le discours dominant sur la transition énergétique. Pas de culpabilisation, pas d’injonctions morales. Juste une promesse : faire mieux avec moins, et que ce soit rentable.
Cette approche trouve un écho particulier auprès des PME, que PHGD accompagne dans leur stratégie de durabilité. L’erreur courante ? Considérer la durabilité uniquement comme une contrainte légale. « Respecter les normes ne suffit pas et pourrait même s’avérer plus coûteux à long terme qu’une révision stratégique », observe-t-il. Les entreprises qui adoptent des innovations énergétiques, des modèles décentralisés ou des outils de mesure fiable trouvent de nouvelles sources de performance.
Pour 3 000 euros HT seulement, PHGD propose un diagnostic initial et des recommandations pratiques sur l’approche stratégique de la durabilité. Un tarif d’appel pour des services qui peuvent ensuite se déployer sur mesure.
Et si la vraie innovation était dans le regard ?
Au-delà des technologies et des services, John Crowley porte une vision plus large. Il travaille notamment sur l’intégration de la culture dans les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, à travers le projet #ODD18. « Toutes les questions de développement durable sont, d’une manière ou d’une autre, des questions culturelles », défend-il. Un avant-projet complet d’ODD culture, avec 10 cibles et des indicateurs pour chaque cible, est désormais disponible pour adoption volontaire par les villes, entreprises, fondations et associations.
En 2024, PHGD devient également partenaire du label « Engaged For Ocean », dont John Crowley est désigné Ambassadeur. Une reconnaissance du rôle essentiel de la santé des océans dans le développement durable.
Via PHGD, John Crowley soutient un changement pragmatique basé sur le savoir, l’efficacité et la collaboration. Son parcours, qui va du domaine diplomatique à l’univers de l’entrepreneuriat durable, illustre une transition de la parole à l’action. Produire de manière optimale, selon lui, implique de le faire de façon astucieuse, en minimisant les pertes, en favorisant l’équité et en ajoutant plus de signification.
Dans un contexte où la France a atteint pour la première fois 95% d’électricité bas-carbone en 2024 mais où les défis de décentralisation et d’efficacité restent entiers, sa démarche s’inscrit dans une perspective d’avenir : celle d’une économie capable de concilier performance et responsabilité, innovation et cohérence, local et global.
Et si la véritable avancée énergétique ne se trouvait pas uniquement dans la technologie, mais aussi dans notre façon de l’appréhender ?
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